Revue Espoir n°195 – Enseigner de Gaulle (automne 2019)

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Poids 300 g
Dimensions 0,7 × 20 × 14 cm
Avant-propos par Hervé Gaymard, président de la Fondation Charles de Gaulle

Le Président Jacques Chirac était, comme il le disait, « non un héritier mais un disciple du général de Gaulle ». ll était l’un des tout derniers ministres du Général encore en vie. Nous lui rendons hommage en publiant le récit de sa première rencontre en tête-à-tête avec le général de Gaulle et des textes qu’il nous avait confiés.

Alors que les rangs des Compagnons et des témoins se sont éclaircis, l’enjeu principal, à la veille de l’année gaullienne 2020, est la transmission aux nouvelles générations. Le dossier « Avenir » d’Espoir est ainsi consacré à « Enseigner de Gaulle ». Je vous laisse découvrir ce programme élaboré sous la houlette de Diane Grillère, que je remercie pour le formidable travail accompli à la Fondation pendant ces trois dernières années, et l’impulsion décisive de l’Inspecteur général Tristan Lecoq, en partenariat avec l’Éducation nationale.

Dans cette livraison, nous retrouvons également Jean-Marie Dedeyan qui nous permet de situer les enjeux de l’Intelligence artificielle. N’oublions pas que « la seule querelle qui vaille est celle de l’homme » !

L’Ambassadeur Denis Bauchard, dans sa passionnante Lettres d’ailleurs, remet en perspectives la question iranienne, centrale pour comprendre les relations internationales contemporaines.

Grâce à Barthélemy Piche et Marc Fosseux, nous en saurons davantage sur la relation particulière, souvent méconnue, de Charles de Gaulle avec Septentrion.

Nous sommes honorés de publier le texte de Daniel Cordier consacré au dernier ouvrage paru sur les Écrits de Jean Moulin ainsi que les commentaires de l’ambassadeur Bernard de Montferrand sur l’excellente biographie du général de Gaulle de Julian Jackson.

L’ambassadeur François Bujon de l’Estang a eu la grande générosité de faire don à la Fondation du tirage original d’un portrait du Général par Yousouf Karsh. Il a bien voulu nous accorder un entretien dans lequel il revient sur le parcours de cet artiste et sur les conditions d’acquisition de cette œuvre, accrochée aujourd’hui dans le bureau du Général rue de Solférino.

Enfin, je livre mes réflexions sur la singularité des liens entre Georges Pompidou et André Malraux, dont le ciment était la culture. C’est pour moi l’occasion de signaler la reprise du Crépuscule, brillante adaptation théâtrale des Chênes qu’on abat au théâtre de l’Épée de bois, à la Cartoucherie de Vincennes.

Je vous souhaite une bonne lecture.

INTRODUCTION par Tristan Lecoq, Inspecteur général de l’Éducation nationale, et Diane Grillère, Professeur agrégé et docteur en Histoire

« D’ailleurs, dans tous les dits et les écrits qui accompagnaient mon action, qu’ai-je été, moi-même, sinon quelqu’un qui tâchait d’enseigner » ? Fils d’enseignant, enseignant lui-même en maintes occasions, de Gaulle a maintes fois souligné cette vocation du Professeur à « influer puissamment sur le destin de ses disciples ». Au moment de consacrer un ouvrage didactique à l’œuvre du Général, encore aujourd’hui profondément reliée à nombre des fondements de notre État et de notre politique nationale, dans bien des domaines (politique étrangère, économie, organisation de la défense nationale, institutions…), le remarquer ne peut laisser indifférent. Si l’héritage du Général est considérable, s’il est également connu des Français et vivant au présent, c’est bien parce que de Gaulle a su s’en faire lui-même le pédagogue, en montrer aux Français la cohérence, l’inscrire dans notre histoire nationale pour y puiser les clés de l’avenir. Du 18 juin 1940 aux adieux de 1969, des tranchées de 1914 à la crise de mai 1968, du déclin des années 1930, de l’effondrement de 1940 aux renouveaux de la Libération ou des années 1960, de Gaulle a ainsi écrit l’histoire de notre pays tout en rendant cette œuvre durable.

Par son exemple, par sa manière d’incarner le pays, par son usage de moyens de communications des plus traditionnels (les Mémoires) aux plus modernes pour l’époque (la radio, la télévision), de Gaulle a su inscrire les fondements qu’il a posés, lors de la Libération (1944-1945), puis lorsqu’il a fondé la Ve République (1958-1962) dans une histoire commune. Professeur d’énergie nationale, le Général a eu pour constante de tracer, de lancer, de conforter un élan de modernisation qui ne constituerait pas une rupture dans l’histoire de notre pays, faisant, dans tous les domaines, appel aux « forces vives » pour l’accompagner dans cet effort.

En ce sens, comprendre de Gaulle peut autoriser une compréhension du monde, percevoir des enjeux actuels de gouvernance, contribuer à la formation d’une conscience citoyenne. Aujourd’hui encore, nombre de choix de politique publique s’opèrent par rapport aux « fondamentaux gaulliens », que ce soit en rupture ou en continuité avec ceux-ci.

« Enseigner de Gaulle » s’est construit autour de cette hypothèse : comprendre et enseigner de Gaulle, c’est comprendre et enseigner la France, aussi bien pour des consciences civiques en formation que pour des professeurs chargés d’accompagner ce processus, ou même pour des citoyens désireux de trouver ici des éléments de compréhension d’enjeux actuels. Ce sont les débats sur l’évolution de notre modèle social. C’est la question du rang de la France et de ses interventions extérieures, de l’appareil militaire et de la chaîne de commandement. C’est la question des institutions. Cette conviction de faire œuvre à la fois scientifique, pédagogique et citoyenne a animé les enseignants et les chercheurs qui ont œuvré, sous l’autorité de l’Inspection générale, à ce projet.

L’œuvre gaullienne, ici abordée de manière thématique, est transversale à l’ensemble des enjeux pédagogiques d’histoire de la France au XXe siècle. De nombreux angles, sans doute moins bien connus méritent d’être étudiés à des lumières nouvelles. Les années 1930 du Général en font un témoin de la faillite du système de la IIIe République et de l’isolement diplomatique de la France. C’est cependant de cette période qu’il conçoit l’effort de modernisation, clé de l’indépendance, qui nourrira sa réflexion d’ensemble, militaire, politique, institutionnelle. La pédagogie gaullienne réside, aussi, dans la clarté et la cohérence des préoccupations et des choix qui en découlent.

C’est à partir de son initiative et sous son autorité que le ministère de l’Éducation nationale, c’est-à-dire l’Inspection générale d’histoire et de géographie a construit et nourri cet ouvrage des derniers apports de la recherche, de documents attendus, rares, ou heuristiques qui visent également cet objectif : faire apparaître des cohérences, des lignes de force, des continuités dans les questionnements qui permettent de se plonger dans le cœur de l’histoire du XXe siècle français, mais aussi de relier une histoire scolaire à une histoire académique. La Fondation Charles de Gaulle a pu y apporter son concours.

Cet ouvrage, enfin, est une porte d’entrée. Il donne accès, pour chacun de ses chapitres, à une bibliographie actualisée et à des ressources pédagogiques articulées et disponibles sur un site internet dédié, librement accessible aux enseignants et plus largement aux curieux d’histoire désireux d’approfondir ce parcours. Ce site comporte vingt-deux études de documents réalisées par des enseignants des académies de Lille et Reims : chaque étude, reliée aux programmes scolaires, introduite et problématisée, comporte une démarche pédagogique articulant diverses sources documentaires – écrites, iconographiques, audiovisuelles, etc. Plus d’une centaine de documents, souvent inédits sont ainsi présentés, analysés et contextualisés et peuvent être facilement téléchargés, utilisés et exploités.